L'apparition d'Amazan et l'épreuve de l'arc - Extrait

Comme on allait commencer ces essais, qui devaient décider de la destinée de Formosante, un jeune inconnu monté sur une licorne, accompagné de son valet monté de même, et portant sur le poing un gros oiseau, se présente à la barrière. Les gardes furent surpris de voir en cet équipage une figure qui avait l’air de la divinité. C’était, comme on a dit depuis, le visage d’Adonis sur le corps d’Hercule ; c’était la majesté avec les grâces. Ses sourcils noirs et ses longs cheveux blonds, mélange de beautés inconnu  à Babylone, charmèrent l’assemblée : tout l’amphithéâtre se leva pour le mieux regarder ; toutes les femmes de la cour fixèrent sur lui des regards étonnés ; Formosante elle-même, qui baissait les yeux, les releva et rougit ; les trois rois pâlirent. Tous les spectateurs, en comparant Formosante avec l’inconnu, s’écriaient : « Il n’y a dans le monde que ce jeune homme qui soit aussi beau que la princesse. »

Les huissiers, saisis d’étonnement, lui demandèrent s’il était roi. L’étranger répondit qu’il n’avait pas cet honneur, mais qu’il était venu de fort loin par curiosité pour voir s’il y avait des rois qui fussent dignes de Formosante. On l’introduisit dans le premier rang de l’amphithéâtre, lui, son valet, ses deux licornes, et son oiseau. Il salua profondément Bélus, sa fille, les trois rois, et toute l’assemblée ; puis il prit place en rougissant. Ses deux licornes se couchèrent à ses pieds, son oiseau se percha sur son épaule, et son valet, qui portait un petit sac, se mit à côté de lui.

Les épreuves commencèrent. On tira de son étui d’or l’arc de Nembrod. Le grand maître des cérémonies, suivi de cinquante pages et précédé de vingt trompettes, le présenta au roi d’Égypte, qui le fit bénir par ses prêtres ; et, l’ayant posé sur la tête du bœuf Apis, il ne douta pas de remporter cette première victoire.

Il descend au milieu de l’arène, il essaye, il épuise ses forces, il fait des contorsions qui excitent le rire de l’amphithéâtre, qui font même sourire Formosante. Son grand aumônier s’approcha de lui : « Que Votre Majesté, lui dit-il, renonce à ce vain honneur, qui n’est que celui des muscles et des nerfs ; vous triompherez dans tout le reste : vous vaincrez le lion, puisque vous avez le sabre d’Osiris. La princesse de Babylone doit appartenir au prince qui a le plus d’esprit, et vous avez deviné des énigmes ; elle doit épouser le plus vertueux, vous l’êtes, puisque vous avez été élevé par les prêtres d’Égypte ; le plus généreux doit l’emporter, et vous avez donné les deux plus beaux crocodiles et les deux plus beaux rats qui soient dans le Delta ; vous possédez le bœuf Apis et les livres d’Hermès, qui sont la chose la plus rare de l’univers : personne ne peut vous disputer Formosante.

- Vous avez raison, dit le roi d’Égypte », et il se remit sur son trône.


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